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Le petit trottineur
26 décembre 2008

Les petits gâteaux de Mémé Carmen

DSC_7414 Mémé Carmen n'avait pas un sous en poche, et la grandeur de ne jamais s'en plaindre. A chaque Noël, elle savait combler les siens malgré la modestie de ses moyens. Aussi, le 23 décembre à minuit, Mémé Carmen instaurait-elle un rituel secret quand tout le monde était au lit. Avec un kilo de farine, elle fabriquait dans sa cuisine, une tonne de petits gâteaux secs. Voici comment ce rituel se déroulait: A l'aide d'une allumette, mémé Carmen allumait le gaz de son four. Elle refermait la porte en s'assurant que le thermostat était à bonne température. Moyenne. Sur la table en formicat, dans une grande bassine de plastique, elle mélangeait lentement de la farine avec du sucre, et la levure. Au centre de la farine, elle confectionnait avec un soin un petit puits. Puis elle versait du vin blanc sec dans un verre à moutarde. Qu'elle reversait ensuite dans le puits de farine. Délicatement, avec ses mains, elle mélangeait farine et vin , auquel elle ajoutait un peu d'huile. Une pâte tendre commençait à prendre vie. Elle la pétrissait un instant, l'étalait avec son rouleau à pâtisserie de bois. Cette pâte sucrée si bonne, crue!.. Une fois la pâte étalée, Mémé Carmen allait se laver les mains et sortait les petits motifs en emporte pièce qui allaient donner vie à ses gâteaux: des étoiles, des coeurs, des champignons, des trèfles... Quand il ne restait presque plus de pâte, elle roulait des petites boules pour ne pas perdre une miette. Elle prenait la plaque métallique du four, l'enduisait d'un peu d'huile , mais pas de farine pour ne pas que le dessous des gâteaux brûle. Elle posait délicatement son bataillon de motifs à l'aide de la pointe de son couteau sur la plaque métallique. Puis elle allait chercher un bol de pyrex transparent dans lequel elle battait un jaune d'oeuf. Avec son doigt, elle venait vernir la surface de ses petits gâteaux pour leur donner bonne mine à la cuisson. Elle s'essuyait ensuite l'index sur le torchon qu'elle portait à sa ceinture. Sur le gaz, dans une poêle en fonte, Mémé Carmen faisait dorer quelques amendes. Elle en mangeait au passage, parce qu'elle était gourmande. Puis délicatement, elle posait une à une les amandes sur la face de certaines motifs. Les coeurs en particulier. Puis elle se retournait vérifier la chaleur de son four. Elle l'ouvrait. Elle prenait délicatement la plaque avec ses petits gâteaux, les enfournait, et restait tout à côté pour vérifier la cuisson, et veiller à ce que le derrière des petits gâteaux ne noircisse pas. Une fois la cuisson terminée, Mémé Carmen sortait ses gâteaux tout joufflus et dorés, et les laissait tiédir. Elle éteignait le four. Elle allait chercher les boîtes en fer qu'elle avait pris soin de conserver l'année durant. Des boîtes de bonbons chocolatés "Quality Street" parcequ'il y avait de jolies dames en dimanche peintes dessus. Elle tapissait le fond des boîtes d'un peu de papier de soie, puis, posait, selon leur forme, les petits gâteaux, un à un dedans. Elle fermait les couvercles , empaquetait ses boîtes, et partait se coucher. A l'heure dite, Mémé Carmen aimait que l'on s'exclame et s'extasie de la qualité de ses petits gâteaux modestes et tant attendus. C'est vrai, Il ne pouvait pas y avoir plus belle offrande... Mémé Carmen aurait eu 96 ans aujourd'hui. A chaque Noël, elle ne peut s'empêcher de rétablir ce petit rituel en rendant hommage à Mémé Carmen, qui n'a pas eu la fin de vie qu'elle méritait. DSC_7424 DSC_7430 DSC_7461 DSC_7513 DSC_7520
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Commentaires
A
Tu te doutes que ce post m'émeut et me touche, moi la cuisinière folle et surtout la tendresse que tu mets dans ton récit.<br /> J'aurai bien mangé les gâteaux de mémé Carmen moi....
Le petit trottineur
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