La porte du détroit

A la pointe ouest de l'Afrique, l''Europe est palpable depuis la rive,  à portée de main. Tendue, là, tout près, à seulement 14 kilomètres du rivage... L'esprit bascule d'un monde à l'autre en un clin d'oeil. Sur le détroit, se croisent des courants bouillonnants et chaotiques. A droite, la Méditerannée chaude, turquoise. A gauche, l'Atlantique glaciale, bleu nuit... Au milieu, les eaux se mèlent violemment et sont terriblement dangereuses. Depuis la plage, on peut observer les métamorphoses des bleus en camaïeux, qui, de transparence en opacité, virent du l'émeraude au jade, se fondent du vert céruléen au mauve... Autant de nuances subtiles qui se tatouent dans les âmes... Lorsqu'on vient d'Europe, on aimerait planter son regard là, et ne plus repartir. Mais ici, tous les yeux se posent sur le rivage d'en face: Tarifa. A la tombée du jour, on distingue les lucioles ibériques qui tintinabulent et semblent carillonner pour attiser les espoirs des démunis. Les paraboles dirigées vers l'occident captent un monde qui fait croire à tous les possibles, parlent de rêves naïfs qui attrapent les espoirs tristes dans ses filets, pour mieux les briser...