Les vieilles dames

Elle avait noté sur un coin de son carnet quelque chose comme : « les dames âgées sont des écrins à secrets. Elles savent des choses que l’on ignore ». Elle les aime de tendresse ces dames âgées. En pensant à ses grand-mères qui ne sont plus. En voyant ces dames seules, très seules, attendre. Attendre qui, attendre quoi ? Elles ont aimé, été aimées; elles ont sans doute été des mamans douces. Et puis un jour, de guerre lasse, elles se sont laissées abandonner. Pourtant, il suffit d’un regard, un sourire, un mot doux, pour ouvrir les couvercles immenses de leur écrin. Nul besoin d'insister pour partager avec elles la beauté de leurs secrets. Elle se demande, impuissante, de quoi peut bien souffrir cette société qui cherche à museler ses Cassandre? Et d’où vient la cruauté de ceux qui abandonnent comme des choses celles qui les ont conçus et aimés? Peut-être la peur de découvrir ce que contient la boîte de Pandore... C'est un tort. (Une maison de retraite vient d'ouvrir ses portes à l'entrée de son petit village où il n'y a pas âme qui vive... On compte deux décès de pensionnaires en à peine un mois...Un hasard?)