29 septembre 2008
Les strates
Trois jours d’absence. La trottinette avait mis le cap sur Bordeaux pour une escale familiale.
Elle remet son ordinateur en route, trottine allègrement sur quelques blogs choisis, et voilà qu’elle tombe sur un petit billet de B. Allègre justement, qui nous fait découvrir que Darwin avait envisagé d’utiliser l’image du corail plutôt que celle de l’arbre pour illustrer sa théorie de l’évolution…Cette image du corail dont les branches se développent sur les branches mortes précédentes, pour former des rameaux soudés aux compositions exubérantes et saugrenues, l’amènent directement à l’une de ses préoccupations du moment.
Elle pense à son petit trottineur justement. Et à son grand père paternel. A tous ces hommes qui ont choisi la France pour l’amour d’une femme ou par « obligation alimentaire », et passé leur vie entière tendue vers l’idée d’un retour au pays…
Sauf que des enfants sont nés ici et pas là-bas. Qu’ils feront leur vie la plupart du temps ici et pas là-bas. Au crépuscule de leur vie, force leur est d’admettre qu’il n’y aura jamais de retour possible, et que leur paradis perdu n’est plus qu'une peau de chagrin.
L’histoire est d’une certaine manière tragique et pourrait se terminer là, pour ces individus qui ont vécu à-côté d’eux-mêmes, avec la peur, la hantise de se voir amputés de leur identité profonde. Mais quelle identité au fait ?
Leur orgueil de mâle ainsi bafoué se rebiffe, et cherche par tous moyens à étendre ses tentacules de façon obsessionnelle sur les générations suivantes. Sous couvert de faux prétextes comme la religion ou le principe de tradition par exemple.
Et c’est là qu’Elle intervient. Et qu’Elle se transforme en Ogresse pour protéger son petit trottineur.
A tous ces pères et ces grands-pères qui n’ont pas assouvi leur rêve, elle voudrait leur dire de les laisser tranquilles ces petits d'Homme.
Qu’on ne peut pas construire un devenir sur des branches mortes. Elle n’a pas envie que son enfant se construise sur les strates d’une identité perdue. Ce serait lui mentir, et l’obliger à faire fausse route.
Les métissages donnent les compositions les plus fantasques et les plus libres. C’est vers l’universalité qu’elle tend et pas vers un retour aux sources.
C’est beau le corail pourtant…
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