La mariée rose bonbon

Un jour de pluie acidulé. Sa trottinette était parée de ses plus beaux atours, et le Petit Trottineur en avait plein les yeux de couleurs bonbon. Elle, elle aurait pu dire que ce n’était pas de très bon goût, mais finalement ne le pensait même pas tellement les mariés étaient joyeux et légers comme des enfants. Ils n’ont plus vingt ans et se redonnent une deuxième chance. Et cette fois on voit bien qu’ils ne sont pas prêts à la laisser passer cette chance, dans le tourbillon de la vie. Alors la jolie femme a mis tout son amour à préparer cette belle journée, et s’il pleuvait à torrent ça n’avait aucune importance. La mariée rose bonbon est arrivée seule sous son parapluie, éclatante, avec des paillettes de toutes les couleurs comme des « Smarties » sur sa robe. A son bras, un petit panier plein de promesses remplis de gâteaux à l’orange et de gerberas vifs. Sa robe à godets, elle l’avait fait faire sur mesure par la couturière pour pouvoir tournoyer quand elle irait danser. Une petite fille radieuse. La cérémonie fut remplie d’éclats de rires. Au bord de la farce. Peut-être voulaient-ils conjurer le sort, être sûrs que cette fois ce ne serait que pour le meilleur. Pour chaque table, la mariée avait confectionné des petits mondes correspondant à l’univers de chacun des invités. Elle, elle pensait aux châteaux des « Rois et des Reines » qu’affectionne beaucoup le Petit Trottineur. On voyait là le plaisir immense et sincère d’avoir tous ces amis autour d’eux ; leur faire sentir qu’ils n’étaient pas invités juste pour la forme… A chacun un petit mot affectueux, généreux, attentionné. Tous les invités se sentaient aimés et légers eux aussi. Et de derrière le petit rideau rose près de la scène, sortaient plein de spectacles rigolos, des déguisements, des petites pièces qu’ils avaient inventé, comme surgis de pochettes surprise. Comme s’ils offraient une part d’enfance à chacun des amis. Elle, elle n’aurait jamais osé. Et pourtant elle enviait la légèreté de la mariée heureuse quand elle tourbillonnait avec sa robe à godets sur la piste remplie de lumière, et que l’on apercevait au détour de la valse à quatre temps, sa culotte, rose bonbon elle aussi.