Le panier du bout du monde

C’est l’histoire d’un petit panier d’osier tressé qui penche un peu sur le côté comme s'il boitait. Elle aime bien la souplesse de sa poignée en cuir, la rondeur de sa forme, la tendresse de son tressage... Sa tante l’avait ramené du Niger où elle vivait, voilà bientôt trente ans, et l’avait offert à sa maman –sa grand-mère à elle- un été. Elle a toujours vu ce panier, petite, dans la maison de sa grand-mère. Il servait à aller chercher les œufs chez la voisine, faire les courses au bourg, partir en pique-nique, cueillir les fleurs du jardin, rapporter les bûches de l'appenti… Elle trouvait qu’il était joli, que ce n’était pas un panier comme les autres. Elle aurait bien voulu l'avoir à l'époque, mais sa grand-mère ne donnait pas ce qu'on lui avait offert. Et puis sa grand-mère a disparu. Les familles se sont partagées biens et meubles. Restaient quelques breloques en friche, de menus objets, des meubles sans importance à donner à un bocanteur, en échange de quoi il allait vider intégralement la maison. Elle avait trop de peine pour prendre quoique ce soit. D’ailleurs elle avait dit qu’elle ne voulait rien. Avant que le brocanteur ne passe, elle est retournée pour la dernière fois dans cette maison, histoire de fixer dans sa mémoire les lieux, les petits recoins de son enfance, capter encore quelques odeurs… Au moment de partir, elle l’a vu, là, dans un petit coin. Retourné et sans vie: le petit panier. Elle avait l’impression qu’il l’appelait. Alors voilà, elle l'a pris, et aujourd’hui il continue la vie qu'il avait avant. Il va partout avec elle. Même aux champignons. Le hasard de la toile veut qu’aujourd’hui une jeune femme de Belgique tombe sur l’image de ce panier qui les avait accompagnés dans le Vercors la semaine dernière… La jeune femme parle d’émotion voyant ce panier, parce qu’elle a le même, et que c’est son père qui lui avait ramené du Niger… Cette image a fait remonter à la surface des souvenirs… Elle voit sur ce blog des similitudes avec sa propre vie, une ressemblance... Un lien indicible... Peut-être le père de cette jeune femme avait rencontré sa tante, son oncle, au Niger? Ou se sont-ils simplement croisés, frôlés sans se regarder?... Peut-être que ces deux paniers du bout du monde ont été façonnés par les mêmes mains? Elle, elle a été touchée par cette histoire qui lui fait penser à "'l'effet papillon". Alors pour la circonstance, elle l'a fait tout beau son panier, avec les fleurs du jardin, pour une photo dédiée à son "cousin" de Belgique... Qui venait d'Afrique...

Comments

[Marie]

quelle belle histoire,j' ai moi aussi le même panier mais je ne suis pas la tante du niger, je suis juste une amie.

[bernard]

Le père qui a apporté le panier du Niger, c'est moi ! Je suis bien curieux de savoir qui est cette tante du Niger ...

Un grand merci pour ce blog poétique en mots et en images !